IA: Allocution d’ouverture du Gouverneur Jean-Claude Kassi BROU à la Conférence internationale de la BCEAO sur le thème “l’intelligence artificielle : opportunités et défis pour les banques centrales”
Monsieur le Ministre des Finances et du Budget de la République du Sénégal, représentant son Excellence Monsieur Ousmane SONKO, Premier Ministre de la République du Sénégal,
Mesdames et Messieurs les Gouverneurs,
Mesdames et Messieurs les Vice-Gouverneurs et Représentants de banques centrales,
Messieurs les Chefs des Organes et Institutions de l’UEMOA,
Monsieur le Vice-Gouverneur de la BCEAO,
Mesdames et Messieurs les Chefs des Institutions Internationales,
Mesdames et Messieurs les Représentants du secteur bancaire et financier de l’UEMOA,
Mesdames et Messieurs les Représentants du monde académique et de la recherche,
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs, en vos rangs et qualités,
La Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest est honorée de vous accueillir ici à Dakar, à l’occasion de la Conférence internationale sur le thème : ”L’Intelligence Artificielle : Opportunités et défis pour les Banques Centrales”.
Je souhaite à toutes et à tous la chaleureuse bienvenue au Sénégal, pays de la Téranga, c’est-à-dire de l’hospitalité.
Permettez-moi d’exprimer ma profonde gratitude à son Excellence Monsieur Ousmane SONKO, Premier Ministre de la République du Sénégal, pour l’insigne honneur qu’il nous a fait en acceptant de parrainer cette Conférence.
Excellence Monsieur le Ministre,
La BCEAO est particulièrement honorée de votre présence à cette Conférence, malgré votre agenda que nous savons très chargé. Nous vous prions de bien vouloir transmettre au Premier Ministre toute notre reconnaissance pour sa constante sollicitude envers la Banque Centrale. Les nombreuses facilités déployées par les Autorités sénégalaises pour assurer la réussite de cet événement en témoignent largement.
Je voudrais saluer et remercier chaleureusement mes collègues Gouverneurs, Vice-Gouverneurs et représentants de Banques Centrales, qui ont répondu à notre invitation, rehaussant l’éclat de cette Conférence Internationale. A cet égard, la participation de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC), des Banques Centrales d’Afrique du Sud, des Comores, de France, du Ghana, de l’Île Maurice, du Kenya, du Libéria, du Maroc, du Mozambique, du Nigéria, du Portugal, de la Tanzanie et de la Tunisie, est un réel motif de satisfaction. Je les remercie pour l’excellente qualité de la collaboration qui existe entre nos différentes institutions. Je saisis cette opportunité pour féliciter la Banque Centrale du Mozambique qui vient de fêter, de fort belle manière, son 50ème anniversaire le 17 mai 2025 à Maputo. Je lui souhaite beaucoup d’années de succès.
Je me réjouis également de la participation de nos partenaires du Fonds Monétaire International, de la Banque Mondiale, de la Banque des Règlements Internationaux et de l’Institut de Stabilité Financière, qui sont venus partager avec nous leur expérience.
Je voudrais remercier les Chefs des Organes et Institutions de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) qui nous honorent de leur présence à cette rencontre, notamment la Commission de l’UEMOA, la Banque Ouest Africaine de Développement et l’Autorité des Marchés Financiers de l’UMOA.
Je relève aussi avec plaisir la forte mobilisation de hauts responsables et représentants du secteur bancaire et financier de l’UMOA, du monde académique ainsi que d’anciens hauts responsables de la BCEAO.
À toutes et à tous, j’exprime ma profonde gratitude pour votre participation à cette Conférence.
Mesdames et Messieurs,
La thématique qui nous rassemble ce jour n’est pas habituelle des rencontres des Banques Centrales. Contrairement aux sujets traditionnels liés aux objectifs et mise en œuvre de politique monétaire et de stabilité financière, nous évoquerons aujourd’hui le rôle de l’Intelligence Artificielle dans le domaine monétaire et financier. En effet, l’avènement de l’Intelligence Artificielle (IA) constitue une révolution qui change déjà en profondeur de nombreux domaines d’activité et affecte des pans entiers de la société. Ce pouvoir transformateur croissant de l’IA mérite une attention particulière des autorités en charge des politiques économiques.
Au plan international, le sommet pour l’action sur l’Intelligence Artificielle tenu à Paris, en février 2025, a abouti à la signature, par une soixantaine de pays, d’une déclaration commune en faveur d’une IA « ouverte », « inclusive » et « éthique ».
A l’instar des autres continents, l’Afrique s’est également engagée à saisir les opportunités offertes par l’IA pour accélérer sa transformation économique et sociale. Ainsi, en vue de concrétiser cette ambition, l’Union Africaine a adopté plusieurs actions, notamment la Stratégie continentale sur l’IA en 2024, qui vise à mettre cette technologie au service du développement durable et de la prospérité du continent.
Dans cette perspective, plusieurs initiatives ont été lancées. Parmi elles, je citerai le Programme « Artificial Intelligence for Africa », ou encore la mise en place du « Conseil Africain de l’Intelligence Artificielle », lors du Sommet mondial sur l’Intelligence Artificielle en Afrique, tenu en avril 2025 à Kigali, au Rwanda. Ce Conseil vise à stimuler l’innovation et l’harmonisation des politiques numériques sur le continent.
Cette vision continentale est confortée par l’émergence de plusieurs actions publiques et privées, nationales ou multilatérales. Ainsi, divers pays de l’Union, dont le Bénin, la Côte d’Ivoire et le Sénégal, ont déjà adopté leurs stratégies de développement de l’IA.
Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs,
Le secteur financier se doit de s’inscrire dans ce large mouvement d’introduction de l’IA dans ses activités. C’est la raison d’être de cette rencontre dont l’objectif est de constituer un creuset d’échanges sur l’utilisation responsable de l’IA et les innovations y relatives dans le secteur bancaire et financier, particulièrement dans le cadre des missions des banques centrales et organes de régulation.
L’utilisation de l’IA par les Banques Centrales reste certes encore embryonnaire. Nous sommes au début d’un long processus qui est déjà très avancé dans d’autres secteurs. Cependant, plusieurs banques centrales s’y engagent déjà de manière résolue afin d’être des acteurs responsables de cette révolution qui se déroule à grande vitesse.
De manière plus spécifique, cette rencontre n’a pas pour ambition d’apporter des réponses toutes faites aux problématiques qui se posent. Elle vise plutôt permettre aux banques centrales et aux participants de partager leurs expériences diverses et pertinentes pour élaborer ou enrichir leur feuille de route en matière de déploiement de l’IA au sein de leurs activités.
Monsieur le Ministre,
Mesdames, Messieurs,
L’IA ouvre des perspectives exceptionnelles pour nos institutions. Toutefois, comme pour toute innovation, elle comporte également des défis et des risques qu’il nous faut appréhender et contenir pour assurer son efficacité.
C’est dans ce contexte que, à l’instar de plusieurs Banques Centrales, la BCEAO a mis en place, en juillet 2024, un Comité de Réflexion sur l’Intelligence Artificielle (CRIA), qui a pour mission de proposer une feuille de route pour le déploiement de cet outil en son sein en évaluant les bénéfices attendus, ainsi que les prérequis pour une intégration réussie.
Je souhaite ardemment que les échanges de ce jour permettent d’approfondir les enjeux stratégiques et opérationnels associés à l’intégration de l’IA dans les activités des Banques Centrales afin de mieux remplir nos missions de stabilité monétaire et financière et de renforcer ainsi et contribuer à la résilience de nos économies.
Monsieur le Ministre,
Mesdames, Messieurs,
Je voudrais clore mon propos en renouvelant mes vifs remerciements à tous les participants pour leur présence distinguée à cette rencontre.
Je souhaite plein succès à nos travaux et vous remercie de votre très aimable attention.