Faire de la Coopération un Puissant Instrument de Développement
TRANSPORT

L’allemand Lufthansa renforce sa présence en Afrique avec le redressement de la compagnie angolaise TAAG

Scellé lors de la visite du président Steinmeier à Luanda, l’accord entre TAAG et Lufthansa illustre un rapprochement économique germano-angolais. Permettant au groupe allemand de se développer en Afrique, il doit aussi ouvrir la voie à une privatisation de la compagnie aérienne nationale angolaise.

 À l’occasion de la visite officielle du président allemand Frank-Walter Steinmeier à Luanda, la compagnie aérienne nationale d’Angola TAAG a signé un accord renforçant son partenariat avec le leader européen du transport aérien, Lufthansa. Ce dernier mobilisera son département Lufthansa Consulting pour aider au plan de restructuration de TAAG.


Concrètement, le géant allemand apportera son expertise pour améliorer la gouvernance d’entreprise, les opérations, la maintenance, l’ingénierie, la formation du personnel ainsi que la planification des itinéraires, dans le but de renforcer la compétitivité du pavillon angolais. Cette coopération répond pleinement à la stratégie de Luanda, qui ambitionne de devenir un hub régional de l’aviation civile.

« Il n’est pas pertinent de mentionner le montant, mais il s’agit d’un investissement conforme aux normes appropriées, qui permettra de garantir que nous disposons d’une compagnie aérienne restructurée, compétente et privilégiée dans la région sud de l’Afrique pour la connectivité du continent », explique le ministre angolais des Transports Ricardo Viegas D’Abreu.

TAAG sur la voie du redressement

Connaissant ces dernières années des difficultés financières qui ont suscité l’évocation d’une possible recapitalisation, TAAG est soutenue par l’État, son principal actionnaire, qui cherche à lui faire retrouver la rentabilité via de nombreux efforts de restructuration. Cette année par exemple, l’ensemble des vols internationaux du transporteur ont été transférés vers l’aéroport international Dr. António Agostinho Neto, une plateforme flambant neuve  inaugurée en novembre 2023.

Forte de cette infrastructure capable d’accueillir 15 millions de passagers par an, la compagnie se concentre maintenant sur la croissance de son activité. Elle prévoit d’ouvrir de nouvelles liaisons pour renforcer son attractivité, non seulement en Afrique australe et de l’Est, mais aussi sur le plan international. Elle a ainsi récemment annoncé le lancement d’une nouvelle route entre Luanda et Nairobi au Kenya, opérée trois fois par semaine.

D’ici 2030, TAAG veut atteindre les 3 millions de passagers par an, contre près de 1 million en 2022. Pour atteindre cet objectif, le transporteur procède à un renouvellement et un agrandissement de sa flotte, qui devrait passer d’une vingtaine d’avions actuellement à 50 dans quelques années. Il a réceptionné en octobre dernier le deuxième Boeing 787-9 Dreamliner d’une commande de quatre unités, le premier ayant été livré en début d’année. Il a également reçu en juin 2025 le troisième Airbus A220-300 d’une commande de 15 unités, destinée à renforcer les liaisons régionales.

Luanda entend s’appuyer sur ces initiatives et sur l’expertise de Lufthansa pour préparer une privatisation partielle de TAAG.

Vers un renforcement de la présence de Lufthansa en Afrique

Selon Ricardo d’Abreu, le gouvernement angolais prévoit d’ouvrir le capital de la compagnie en 2026, avec pour objectif d’attirer un partenaire stratégique international capable de réduire ses coûts opérationnels et d’élargir sa présence dans le ciel international. La taille de la participation à céder n’est pas encore fixée, mais elle devrait être significative afin de motiver de nouveaux investissements et d’assurer un modèle économique plus durable.

Le rôle précis de Lufthansa dans ce processus de privatisation n’a pas non plus été précisé, mais le contrat avec TAAG offre déjà au groupe allemand des possibilités au-delà de l’Angola. Il a récemment multiplié les discussions en vue de participer à la transformation de certaines compagnies aériennes opérant sur le continent. Selon Africa Intelligence, la directrice Afrique de Lufthansa Consulting, Catrin Drawer, s’est rendue à Dakar cette année pour proposer un appui au secteur aérien sénégalais en difficulté. Elle y a rencontré Cheikh Bamba Dièye, le directeur de l’aéroport international Blaise Diagne.

Quelques mois plus tôt, la filiale s’était signalée en République du Congo, en s’intéressant à la relance d’Equatorial Congo Airlines, qui a repris ses vols domestiques. Là encore, elle proposait un accompagnement à la restructuration de la compagnie publique congolaise. Si ces démarches traduisent une volonté de Lufthansa de renforcer sa présence sur les marchés africains, un éventuel succès avec TAAG pourrait devenir une vitrine pour sa stratégie.