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CEMAC: Les Etats ont validé le Guide méthodologique harmonisé en matière de Commerce transfrontalier informel

Fin, ce vendredi à Djibloho, des travaux de l’atelier de validation du « Guide méthodologique harmonisé pour la production des statistiques sur les échanges transfrontaliers informels dans les pays de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) ». Organisée par la Commission de la CEMAC, avec l’appui de la Banque Mondiale dans le cadre du Projet d’Harmonisation et d’Amélioration des Statistiques en Afrique de l’Ouest et du Centre (HISWACA), cette rencontre a réuni une cinquantaine d’Experts issus des Instituts Nationaux de la Statistique (INS), des Administrations douanières et des Ministères du Commerce des six États membres de la CEMAC. A leurs côtés, les Experts des Institutions sous régionales, au rang desquels ceux du PRASAC et de la CEBEVIRHA.

Cinq jours d’échanges et de pratiques sur les enjeux stratégiques au niveau des frontières

Les échanges transfrontaliers informels représentent une part significative du commerce intracommunautaire du fait qu’ils assurent des revenus aux ménages, soutiennent l’emploi et facilitent la sécurité alimentaire. Cette activité stimule aussi l’économie locale tout en consolidant les liens historiques entre les populations frontalières. Cependant, lesdits échanges restent non pris en compte dans les statistiques officielles, conduisant à une sous-estimation du commerce extérieur et limitent ainsi la capacité des décideurs à concevoir des politiques économiques adaptées.

Du 03 au 07 novembre 2025, les participants se sont penchés sur la méthodologie, les outils de collecte et les mécanismes institutionnels nécessaires à la mise en place d’un dispositif statistique communautaire pérenne de mesure du commerce transfrontalier informel (CTI).

Les Experts du Cameroun, du Congo, du Gabon, de la Guinée Equatoriale, de la République Centrafricaine (RCA) et du Tchad ont échangé, entre autres sur :

  • Le partage d’expériences des pays ayant entamé le processus de mise en place du dispositif statistique de mesure du commerce transfrontalier informel, notamment le Cameroun et la RCA ;
  • Le partage d’expériences et de bonnes pratiques sur la mesure du CTI par le PRASAC et la CEBEVIRHA ;
  • Les travaux de groupes axés sur la revue du Guide méthodologique harmonisé, la revue des outils de collecte et l’élaboration du calendrier communautaire de mise en œuvre des activités ;
  • La visite de la zone des trois frontières (Cameroun, Gabon et Guinée Equatoriale) a permis aux Experts d’observer les enjeux et les défis du terrain, en échangeant avec les acteurs, notamment sur : (i) la méthodologie utilisée pour la mesure des marchandises, objets de transactions, (ii) les difficultés rencontrées dans l’exercice de leurs fonctions, plus précisément en ce qui concerne le phénomène de contrebande, et (iii) les raisons qui pourraient pousser les commerçants à se diriger vers l’informel.

A l’issue de la réunion, les participants ont adopté le Guide méthodologique harmonisé et validé le calendrier communautaire de mise en œuvre des enquêtes, allant de la cartographie des points de passage à la collecte effective des données sur le terrain.

Des impacts au niveau des États membres

Les échanges transfrontaliers informels, une fois intégrés dans les statistiques officielles, permettront aux États de disposer d’informations plus précises pour orienter leurs politiques publiques. Un des participants, Monsieur Christian NDJEKOU de la République centrafricaine estime repartir avec « une méthodologie commune et des outils pratiques qui vont considérablement améliorer la fiabilité des données statistiques. Le nouveau Guide méthodologique harmonisé sera un levier pour renforcer la comparabilité des données et soutenir des politiques commerciales au niveau de la sous-région ». De son côté, Madame Nadine Angèle FOLEFACK née NGUIMDO VOUFO du Cameroun a souligné que « la visite sur le terrain a permis une meilleure connaissance des dynamiques commerciales aux frontières car la maitrise du commerce transfrontalier informel permettra d’améliorer les statistiques du Commerce extérieur et une meilleure évaluation de la richesse nationale ».

Des recommandations pour la consolidation des acquis de Djibloho

Les participants ont saisi l’occasion de la cérémonie de clôture pour présenter quelques recommandations pour la consolidation des acquis de l’atelier, parmi lesquelles :

  • Solliciter auprès des Etats membres la mise en place d’une équipe technique multisectorielle, avec un point focal INS, pour le suivi de la mise en œuvre des activités sur le CTI ;
  • Transmettre l’ensemble de la documentation aux INS afin que les pays puissent engager, dès le mois de novembre 2025, les activités relatives à la réalisation des études monographiques ;
  • Renforcer la collaboration institutionnelle en mettant en place un cadre de collaboration formelle entre INS, les services des Douanes et les Ministères en charge du Commerce ainsi que les autres structures contribuant à la production des statistiques sur le CTI, notamment les Ministères en charge de l’agriculture et de l’élevage ;
  • Synchroniser les collectes de données sur le terrain, notamment pour les équipes techniques des INS des pays frontaliers.

Un engagement en faveur des données probantes et de l’intégration sous régionale

Dans son discours de clôture, le Commissaire de la CEMAC en charge du Département des Politiques Economique, Monétaire et Financière, Monsieur Nicolas BEYEME NGUEMA a salué l’hospitalité des autorités de la Guinée Equatoriale et leurs appuis institutionnels et logistiques à cet atelier. Il s’est ensuite réjouit des défis relevés, qui ont permis de poser les bases d’un cadre méthodologique harmonisé pour la production des statistiques sur le commerce transfrontalier informel dans les pays de la zone CEMAC, à savoir :

  • L’adoption consensuelle de la méthodologie pour la réalisation des études monographiques au niveau des pays ;
  • La validation d’une méthodologie commune pour la production des statistiques du CTI en zone CEMAC ;
  • L’élaboration des instruments nécessaires à la mise en place du dispositif ;
  • L’adoption d’un ensemble d’indicateurs sur le commerce transfrontalier informel, à suivre au niveau communautaire.
  • L’élaboration d’un calendrier communautaire pour la collecte des données sur le CTI, notamment la fréquence de passage ;
  • La proposition d’un mécanisme de coordination et de suivi, en vue d’assurer la continuité du travail engagé.

Pour Monsieur Nicolas BEYEME NGUEMA, « tous ces acquis doivent désormais être capitalisés et traduits en actions concrètes au niveau de chaque pays ».

Vers un meilleur suivi des échanges transfrontaliers informels dans les pays de la CEMAC

La validation du Guide méthodologique s’inscrit dans la dynamique du Programme statistique de la CEMAC (Stat-CEMAC), qui vise à doter la Communauté d’un système statistique harmonisé, fiable, actualisé et permettant une prise de décision basée sur des données probantes. Son adoption marque une étape décisive dans la mise en place d’un dispositif statistique permettant de mesurer le commerce transfrontalier informel et d’intégrer les résultats dans les statistiques officielles du commerce extérieur et des comptes nationaux des différents pays de la zone.

SOURCE: CEMAC