Industrialisation de l’Afrique : La diaspora économique trace de nouveaux ponts depuis le Canada
Alors que de nombreux pays africains expriment leur volonté d’accélérer la transformation locale de leurs matières premières, de créer des emplois durables et de renforcer la résilience de leurs économies, un acteur stratégique s’affirme : la diaspora africaine d’affaires.
Plus qu’un relais de transferts financiers, cette diaspora devient aujourd’hui une force industrielle et institutionnelle, mobilisée pour contribuer activement au développement du continent. Au Canada, cette dynamique s’incarne dans la montée en puissance des chambres de commerce bilatérales africaines.
Industrialisation : un tournant stratégique pour l’Afrique
Confrontés à la nécessité de sortir du modèle exportateur de matières brutes, plusieurs États africains adoptent une orientation résolument tournée vers la création de valeur sur le continent. L’objectif est clair : bâtir des chaînes de valeur locales, diversifier les économies, stimuler la création d’emplois qualifiés et soutenir une compétitivité manufacturière durable.
Ce mouvement s’inscrit dans le cadre de la ZLECAF, vaste marché intégré représentant plus de 1,4 milliard de consommateurs, perçu comme un moteur essentiel de la transformation industrielle africaine. Dans cette transition, la diaspora se positionne désormais comme un acteur stratégique, mobilisant capital, expertise, réseaux internationaux et diplomatie économique.
Un rôle renouvelé pour la diaspora d’affaires
Historiquement associée aux transferts d’argent, la diaspora africaine se structure aujourd’hui autour d’une ambition différente : investir, construire, moderniser et connecter l’Afrique aux marchés mondiaux. Une nouvelle génération de dirigeants, investisseurs, experts en technologies, professionnels du secteur industriel et entrepreneurs cherche à participer à l’industrialisation du continent, encourager les échanges commerciaux et contribuer au transfert de connaissances et de technologies. Pour soutenir cette ambition, un modèle institutionnel s’impose : les chambres de commerce non territoriales.
Un modèle canadien structurant
Le Canada s’appuie sur un écosystème économique unique, composé de chambres de commerce territoriales, de fédérations qui les regroupent, et de chambres non territoriales représentant des communautés, des pays ou des corridors d’affaires.
C’est dans cette troisième catégorie que s’inscrivent les chambres de commerce africaines au Canada, qui se consacrent à la dynamisation des relations économiques entre leurs pays d’origine et le Canada. Parmi elles : la Chambre de commerce Bénin-Canada, la Chambre de commerce Sénégalo-Canadienne, la Chambre de commerce et d’industrie Gabon-Canada, ainsi que des initiatives similaires pour le Burundi, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et d’autres pays du continent.
Ces organisations agissent comme de véritables ponts économiques, facilitant l’implantation d’entreprises, l’investissement, les partenariats stratégiques et l’internationalisation des entreprises.
Un signal fort à la FCCQ
La Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), l’un des réseaux économiques les plus influents au pays, reconnaît désormais les chambres de commerce non territoriales comme des acteurs économiques à part entière. En 2025, deux dirigeants issus du corridor Canada-Afrique ont été élus représentants des chambres non territoriales au conseil d’administration de la FCCQ pour le mandat 2025-2026: Marc Houessou, président de la Chambre de commerce Bénin-Canada ( photo plus haut)
Ils succèdent à Pierre-Paul Gazemar, président de la Chambre de commerce haïtienne du Canada, et Saul Polo, président de la Chambre de commerce Québec & Amérique-Latine.

Cette présence stratégique favorise une meilleure représentation institutionnelle du corridor Canada-Afrique, un accès renforcé aux programmes économiques québécois, dont COREX, ainsi que la mobilisation d’investissements vers les marchés africains. Elle permet également d’ancrer davantage la voix économique de la diaspora dans la réflexion stratégique du Québec.
Un partenariat économique à fort potentiel
Le Canada possède une expertise reconnue dans les secteurs industriels, miniers, agroalimentaires, technologiques et logistiques. Cette expertise peut accompagner efficacement l’essor industriel de l’Afrique. Les chambres bilatérales jouent alors un rôle crucial : soutenir les entreprises dans leur expansion internationale, mobiliser les réseaux d’affaires et d’investissement, faciliter les connexions stratégiques et contribuer à l’émergence de projets concrets sur le continent.
Perspectives
Les chambres de commerce non territoriales et la diaspora économique qu’elles fédèrent s’imposent progressivement comme des piliers du futur économique Afrique-Canada. L’industrialisation africaine devient un projet transnational partagé, soutenu par des structures institutionnelles solides, un capital humain mobile et une expertise internationale.
Pour l’Afrique, cette dynamique représente une opportunité historique : associer sa diaspora à son effort industriel, mobiliser des partenaires stratégiques et renforcer sa souveraineté économique. Le mouvement est lancé, et la nouvelle vague entrepreneuriale afro-canadienne entend y jouer un rôle de premier plan.
©C.I en collaboration avec les chambres de Commerce Gabon-Canada, Benin-Canada et la Chambre de Commerce Senegalo-Canadienne.
Cet article a été publié pour la première fois sur Coopération Internationale Magazine le 03/10/2025.

